Depuis 37 ans dans l'ombre des Laurier

14 juillet 2017

Cela fait maintenant 37 ans que Linda Pinard est secrétaire au Musée Laurier. C'est elle qui cumule le plus grand nombre d'années de service et elle est toujours heureuse de se retrouver dans l'ombre de Wilfrid et Zoé Laurier.
Si elle signe encore sa correspondance avec le titre de secrétaire, ce qu'elle fait au musée représente bien davantage. Avec toute son expérience et ses connaissances sur celui qui fut le premier premier ministre francophone du Canada (et son épouse), Linda se veut la gardienne des lieux et celle qui souhaite ardemment que ce musée, où elle travaille officiellement depuis le 4 août 1980, soit davantage connu et fréquenté par les gens de la région.
Elle y a fait ses premières armes pour un projet de quatre mois (ayant passé une entrevue avec le frère Yvan Turgeon) et y est encore aujourd'hui.

«J'ai travaillé avec Laurence Farley qui était comme une mère pour moi», se souvient-elle. Linda se rappelle aussi que cette femme avait beaucoup d'énergie, si bien qu'elle organisait une dizaine d'expositions par année. «Sa plus grosse aura certainement été celle de Suzor-Coté en 1987 qui a accueilli plus de 20 000 visiteurs en quatre mois alors qu'on en avait prévu 5000», raconte-t-elle. Elle se souvient des gens qui faisaient la file à l'extérieur pour entrer et ceux qui redescendaient de leur visite, le visage rougi, tellement il faisait chaud à l'étage qui n'était pas climatisé et dont les fenêtres avaient été condamnées le temps de l'exposition (par mesure de sécurité). C'est une semaine avant la fin de cette glorieuse exposition qu'est décédée subitement la directrice de l'époque. Des montagnes russes d'émotions pour Linda qui, en plus, était enceinte à ce moment…
Bien plus qu'une secrétaire…
Si au départ elle ne faisait que du secrétariat, Linda s'est approprié d'autres tâches au fil du temps ce qui fait qu'aujourd'hui elle s'occupe de la comptabilité, de l'accueil des visiteurs et même du ménage le lundi. Elle fait également de la recherche pour certaines expositions, en a organisé une presque de A à Z (sur les robes de mariées) et, depuis cinq ans, s'occupe d'écrire la pièce de théâtre estivale présentée à la Grange Fleury.
Pour elle, le musée est devenu comme une deuxième maison et elle se sent très proche du célèbre couple qui l'a habité. Si le monde muséal ne l'inspirait pas particulièrement au départ, elle a rapidement développé un goût pour l'histoire et celle de Wilfrid Laurier naturellement. Elle lit encore beaucoup sur le sujet et tente toujours de trouver de nouvelles photos du couple. Récemment, elle a été émue de voir, sur les réseaux sociaux, un bout de film tourné lors des funérailles de Laurier.
Changement de garde

Après le décès de Mme Farley est arrivé, en janvier 1988, un nouveau directeur en la personne de Richard Pedneault. Si Linda appréhendait un peu les changements qu'il voulait apporter (notamment l'informatisation), elle a rapidement apprécié l'homme qui est (et est encore) son partenaire de vie. Les deux étant très discrets, plusieurs personnes ont mis longtemps à découvrir la nature de leur relation.
Aujourd'hui, il ne reste que quelques mois au couple à travailler ensemble puisque Richard Pedneault se retire en décembre prochain. Linda avait songé à prendre la sienne en même temps (elle qui n'a que 56 ans), mais préfère rester quelques années pour éviter au conseil d'administration à devoir trouver deux nouvelles personnes en même temps.
Linda se prépare donc à avoir un nouveau directeur (ou directrice) même si, pour elle, son vrai patron demeure toujours Wilfrid Laurier. Elle se sent bien dans sa maison, à son bureau situé à quelques pas de la chambre qu'a occupé le couple.
Elle se désole que les étudiants ne viennent plus visiter le musée et ne connaissent pas l'illustre personnage qu'on peut voir sur les billets de 5 $. «Même des adultes ne savent pas que c'est lui. L'histoire et la politique ne sont pas faciles à vendre», déplore-t-elle.
Cela ne l'empêche pas de vouloir continuer à le faire connaître. Au fil des ans, elle a pris beaucoup d'assurance, même si elle demeure réservée, et devient intarissable lorsqu'il est question des Laurier. Elle est toujours heureuse de voir la saison touristique arriver pour accueillir les touristes et partager ses connaissances avec eux, même si certains sont parfois surpris de devoir payer un droit d'entrer de 8 $ (qui inclus le Musée Laurier et l'Hôtel des Postes). Surtout cette année où Parcs Canada a offert, pour le 150e du Canada, des laissez-passer gratuits pour ses parcs et lieux historiques gérés par l'organisme. «Le Musée Laurier n'est pas géré par Parcs Canada», se doit-elle de répéter fréquemment cet été.

Même après 37 ans, Linda est encore contente de se lever le matin pour aller travailler. Le temps a passé très vite pour elle qui ne s'ennuie jamais dans ce musée. On lui a bien offert de déménager à l'Hôtel des Postes pour continuer à occuper ses fonctions, mais elle préfère son musée.
Elle est prête à travailler avec la prochaine personne qui assumera la direction et partager tout ce qu'elle connaît sur les Laurier.

Source : La Nouvelle Union